LIVRE D'OCCASION
Titre : Un roman russe
Auteur : Emmanuel Carrère
Synopsis : Sur le ton d'une étincelante autobiographie, Emmanuel Carrère déroule, à travers plusieurs histoires entrelacées (dont le destin tragique de son grand-père), une douloureuse et bouleversante quête introspective. Un des grands livres de l'année. _________________________ Emmanuel Carrère a toujours aimé les sujets troubles. Pour souvenir, dans son livre L'Adversaire publié en 2000, l'écrivain procédait de manière ambiguë à la reconstitution terrifiante de l'abîme et du mensonge sur lequel s'était construite la vie de Jean-Claude Romand (roman, déjà, encore...), faux médecin et vrai assassin de sa famille en 1993. Dans ce nouveau livre surgissant comme un coup de tonnerre sept ans après L'Adversaire, l'auteur procède à l'expulsion d'un lourd secret de famille sur lequel sa mère, Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française, avait demandé de conserver le silence : la disparition, certainement tragique, du grand-père maternel d'Emmanuel Carrère en 1944 pour acte de collaboration (mais, précisons-le, pas pour délation à l'encontre de Juifs). Dans ce texte servi par une prose très sobre sous laquelle court une violence sourde, il sera question, à l'occasion d'un long séjour à Kotelnitch, une petite ville de Russie où doit se tourner un reportage, d'explorer, sur le mode de l'aveu, la constitution tragique de l'auteur lui-même : une langue maternelle évanouie et sans cesse désirée (le russe) ; le fantôme du grand-père, voire même ses doubles maudits (un pauvre Hongrois enfermé durant plusieurs décennies dans un hôpital psychiatrique soviétique avant son retour au " bercail " en Hongrie) ; une relation amoureuse tumultueuse entre Paris, Kotelnitch et l'île de Ré (là, c'est moins russe) ; la figure de la mère et le tabou familial à briser... Au final, Un roman russe n'usurpe pas son titre, qui distille à l'envi sa dose de désespoir, de confession masochiste et de vodka à la transparence trouble pour tracer une autobiographie d'Emmanuel Carrère qu'on pourrait dire des profondeurs, en tout cas placée sous le sceau de l'Irrémédiable... "La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre. Après L'Adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper. J'ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L'enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l'automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C'est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j'ai suivi des chemins hasardeux. Ils m'ont entraîné jusqu'à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu'il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l'horreur me rattrapaient. Elles m'ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J'ai écrit pour la femme que j'aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et nos amours. C'est de cela qu'il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s'y prend pour nous répondre." A la fois quête des origines, carnet de bord, récit d'un fait divers et d'une passion amoureuse, Un roman russe est une ?uvre autobiographique dense et captivante. Emmanuel Carrère y restitue avec talent la complexité d'un homme dont la vie ressemble à ses livres. Un exorcisme autobiographique d'une rare violence psychique noyé de chagrin, d'amour et de vodka...
Année : 2008
ISBN : 9782070356652
Catégorie : Livres , Littérature, fiction , Poches littérature française , Gallimard
Editeur : Gallimard